Accueillir la biodiversité au jardin – Les oiseaux

De nombreuses espèces d’oiseaux connaissent aujourd’hui un fort déclin. Intensification des pratiques agricoles, destruction d’habitats ou encore usage généralisé des pesticides ont entraîné la disparition progressive des populations. A Paris, depuis 10 ans, 73 % de la population de moineaux a disparu. Pour autant, il est tout à fait possible de réaménager des espaces pour nos compagnons à plumes, en récréant des conditions favorables assurant leurs fonctions vitales : manger, boire, s’abriter et nicher.

1. Créer des espaces pour nidifier : plantation d’arbustes, haies, arbres…

Diversifier les étages de plantations. Les haies d’arbustes sont très appréciées des oiseaux car elles constituent des espaces leur permettant de se réfugier à l’abri des prédateurs et, au printemps, de créer leur nid en toute discrétion. Il est important de privilégier une diversité d’espèces d’arbres ou d’arbustes. En effet, cela permet de créer différents « étages » de végétation correspondant à différents besoins des espèces. Tandis que les pics (pic vert, pic épeiche) et les grives affectionnent plutôt les grands arbres, des petits oiseaux comme les pinsons et les hypolaïs polyglotte préfèreront les arbustes et les fourrés denses. Dans les plantations, il sera préférable de planter des haies basses et denses, des massifs d’arbustes de taille moyenne et quelques sujets d’arbres de haute tige avec des espèces locales.
Végétaliser les murs et façades. La végétalisation des façades avec des plantes grimpantes permet de créer des zones idéales pour la nidification. Les merles affectionnent particulièrement ce genre d’habitat. En plus de l’aspect esthétique, un mur de chèvrefeuille, lierre, ou vigne vierge sera un refuge idéal pour de nombreuses espèces.

2. Planter des espèces nourricières

Pendant l’hiver, de nombreuses espèces d’oiseaux se nourrissent de graines, de baies et de fruits. Il est donc important de privilégier des arbres et arbustes permettant de fournir aux oiseaux ces ressources alimentaires très importantes pour surmonter cette période délicate.
Le Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) produit des baies très appréciées tout comme celles du Lierre grimpant (Hedera helix), riches en antioxydants et en lipides, du Laurier-tin (Viburnum tinus), du Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), du Fusain (Euonymus europaeus). Les mûres (Ronce commune, Rubus fruticosus), les kakis (Plaqueminier du Japon, Diospyros kaki) ou encore les arbouses (Arbousier commun, Arbutus unedo), sont autant de fruits qui permettront de fournir aux oiseaux des apports nutritionnels diversifiés.

3. Installer des nichoirs

Même si de nombreuses espèces créent des nids dans les arbres et arbustes, d’autres vivent dans des cavités. C’est le cas des mésanges, des moineaux, des pics ou encore des hirondelles. L’installation de nichoirs artificiels permet de recréer des conditions favorables et de permettre aux nichées de se développer en toute sécurité. Il existe différents types de nichoirs correspondant à différentes espèces.
Les nichoirs sont à installer en hauteur (entre 2 et 5m selon les espèces), à l’abri des vents dominants, dans des zones au calme, peu ensoleillées et peu accessibles aux prédateurs comme les chats. Pour certaines espèces vivant en colonies, comme les moineaux, les hirondelles ou les martinets, il est important d’installer plusieurs nichoirs les uns à côté des autres. Pour les espèces plus territoriales comme les mésanges, il faudra respecter une distance de 20 à 50 m entre chaque nichoir.

4. Adopter une gestion adaptée

La gestion est un élément essentiel pour garantir l’attractivité des espaces verts pour les oiseaux.
Ne pas tailler les haies pendant les périodes de nidification, c’est-à-dire de mi-mars à fin juillet. Eviter la taille de haies pendant cette période permet d’éviter la destruction directe de nids et de couvées.
Maintenir des vieux arbres à cavités. Si vous avez des vieux arbres creux, vous pouvez effectuer des tailles de sécurité tout en gardant le tronc principal et les cavités de l’arbre. Ces cavités permettront à de nombreuses espèces d’oiseaux de trouver refuge, voire à des chauves-souris d’en faire un gîte de reproduction ou d’hibernation.
Attirer des insectes par des plantes mellifères, c’est-à-dire riches en pollen, permettra de fournir aux oiseaux de la nourriture riche en protéines dont ils auront besoin pour nourrir les nichées au printemps.
Bannir l’utilisation de pesticides est une mesure importante. Leur utilisation a un impact sur les populations d’insectes et donc sur les ressources en nourriture des oiseaux. Par ailleurs, la non-utilisation de pesticides permet de favoriser le développement d’espèces de plantes sauvages intéressantes pour les oiseaux comme les cardères sauvages ou certaines espèces de chardons, particulièrement appréciées des chardonnerets élégants.
Fournir un point d’eau est une mesure à laquelle on ne pense pas souvent mais qui a son importance, surtout en période de sècheresse. Une coupe peu profonde, à remplir régulièrement, fera l’affaire pour la plupart des petits oiseaux. La création de zones comme des mares ou des bassins sera un vrai plus qui, en plus des oiseaux, profitera à de nombreuses autres espèces.

Hortense SERRET