Le retour des oiseaux migrateurs

Ils arrivent !

Chaque printemps, ils reviennent. Après avoir passé l’hiver sous des latitudes plus clémentes, des espèces d’oiseaux migrateurs retrouvent nos paysages pour se reproduire. Ce voyage, souvent long et semé d’embûches, est une démonstration de l’incroyable capacité d’adaptation des oiseaux aux cycles de la nature.

Pourquoi les oiseaux migrent-ils ?

La migration des oiseaux répond à un besoin fondamental : trouver des conditions optimales pour se nourrir et se reproduire. En hiver, le froid et la diminution des ressources alimentaires en Europe poussent de nombreuses espèces à rejoindre l’Afrique ou le sud de l’Espagne. Avec le retour du printemps et des insectes, nos régions redeviennent des milieux favorables à la reproduction.

La migration peut être diurne ou nocturne et s’effectue en groupes ou individuellement selon les espèces. Certaines utilisent des repères visuels comme les rivières et les montagnes, tandis que d’autres s’orientent grâce au champ magnétique terrestre. Ce phénomène, hérité de millions d’années d’évolution, est crucial pour la survie de nombreuses espèces.

Sauriez-vous nommer 5 espèces d’oiseaux migrateurs ?

LES INCONTOURNABLES, ceux que vous avez forcément déjà vu !

L’hirondelle rustique (Hirundo rustica)

L’hirondelle rustique est un oiseau emblématique du printemps. Elle revient en mars ou avril après un séjour en Afrique tropicale. Elle construit ses nids à partir de sable sous les avant-toits et dans les granges et se nourrit d’insectes.
On la reconnaît à sa queue en fourche composée de long « filet » et à sa gorge rousse. A ne pas confondre avec l’hirondelle de fenêtre !

L’hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)

L’hirondelle de fenêtre est facilement reconnaissable à son plumage noir et blanc. Contrairement à l’hirondelle rustique, sa queue est légèrement fourchue et n’a pas de « filets ».
Elle s’installe souvent dans nos villes et villages, construisant ses nids sous les avant-toits des bâtiments. Insectivore, elle joue un rôle clé dans la régulation des populations de moustiques et autres insectes volants.

Le martinet noir (Apus apus)

Cet oiseau au vol rapide et aux cris perçants arrive vers avril, en provenance d’Afrique tropicale. Acrobate des airs, il peut passer plusieurs mois sans se poser (le record étant établi à 10 mois d’affilée en vol !). Il se nourrit, dort et se reproduit en vol. Il affectionne les cavités des bâtiments et les falaises urbaines pour élever ses petits. Les martinets jouent également un rôle écologique important en consommant une grande quantité d’insectes volants.

LES EMBLÉMATIQUES

La cigogne blanche (Ciconia ciconia)

Symbole du printemps et de la fécondité, la cigogne blanche revient d’Afrique après un long périple de plusieurs milliers de kilomètres. Elle retrouve ses aires de nidification, souvent situées sur les toits, les clochers ou les pylônes électriques. Grâce aux efforts de conservation, les populations de cigognes ont fortement augmenté ces dernières décennies, notamment dans la région Grand Est où 2 690 couples ont été dénombrés en 2024 contre… 9 en 1974 !

La grue cendrée (Grus grus)

Plus connue pour sa migration automnale, la grue cendrée effectue aussi un retour spectaculaire au printemps. Après avoir passé l’hiver en Espagne ou en Afrique du Nord, elle survole la France en grandes formations en V, ponctuant son voyage de haltes dans les zones humides. Si la majorité des grues se dirigent vers la Scandinavie, certains couples nichent en France, notamment dans les vastes étendues du lac du Der en Champagne ou en Brenne. 800 000 individus sont recensés dans le monde, dont la moitié en Europe. Avec le réchauffement climatique, les hivernations se décalent plus au Nord, les arrivées sur les sites nordiques de nidification se font 1 mois plus tôt qu’il y a 40 ans.

LES ORIGINAUX

Le coucou gris (Cuculus canorus)

Fameux pour son chant caractéristique « Koo-Koo », le coucou gris revient d’Afrique subsaharienne en avril. Plutôt que de construire son propre nid, il pratique le parasitisme de couvée… en effet, la femelle dépose ses œufs dans les nids d’autres espèces, comme la rousserolle effarvatte ou la fauvette grisette. Cette stratégie permet à l’espèce d’économiser de l’énergie et d’assurer la survie de sa descendance.

La huppe fasciée (Upupa epops)

Reconnaissable à sa crête orangée et son bec effilé, la huppe fasciée migre depuis l’Afrique du Nord ou l’Espagne pour se reproduire en France.
Elle privilégie les milieux ouverts, tels que les prairies et les vergers, où elle chasse les insectes et les larves. Elle joue un rôle essentiel dans le contrôle des populations d’insectes nuisibles et contribue ainsi à l’équilibre des écosystèmes.

Le guêpier d’Europe (Merops apiaster)

Cet oiseau insectivore au plumage muticolore revient d’Afrique subsaharienne pour nicher en France, où il creuse son nid dans les berges sablonneuses des rivières et des carrières.
Son régime alimentaire est essentiellement composé d’insectes volants, ce qui lui a valu son nom. Sociable, il vit en colonies et enchante les observateurs avec ses vols gracieux et son chant flûté.


La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio)

La pie-grièche écorcheur est un petit prédateur redoutable. Elle revient d’Afrique tropicale en mai pour s’installer dans les haies bocagères et les lisières de forêts.
Son nom vient de son habitude intrigante d’empaler ses proies (insectes, petits vertébrés) sur des épines ou des fils barbelés, formant ainsi une véritable « réserve » de nourriture avant de les déguster.


Un voyage semé d’embûches

Si ces oiseaux retrouvent chaque année leur territoire de reproduction, leur périple est semé d’embûches. La destruction des habitats naturels, l’intensification agricole, la pollution lumineuse et le changement climatique modifient leurs routes migratoires et diminuent leurs ressources alimentaires. Le guêpier souffre de la raréfaction des sites de nidification, la grue cendrée doit faire face à la perte de zones humides, la pie-grièche voit son habitat bocager disparaître sous l’effet de l’urbanisation, et les hirondelles et martinets peinent à trouver des lieux adaptés pour nicher.

Face à ces défis, la préservation des corridors écologiques et la mise en place de pratiques agricoles favorables à la biodiversité sont essentielles pour garantir le retour de ces espèces année après année.

Comment favoriser leur retour ?

Chacun peut contribuer à la protection des oiseaux migrateurs en adoptant quelques gestes simples :

  • Préserver les zones naturelles et les haies, qui servent de refuges et de sources de nourriture.
  • Installer des nichoirs pour les espèces cavernicoles comme les hirondelles et les martinets.
  • Éviter l’usage de pesticides, qui réduisent les populations d’insectes dont dépendent de nombreux oiseaux.
  • Protéger les zones humides, essentielles pour de nombreuses espèces migratrices.
  • Soutenir les initiatives de conservation et les associations ornithologiques.

Le retour des oiseaux migrateurs est une période privilégiée pour les amateurs de nature. Observer les vols de grues cendrées, voir tournoyer les martinets ou repérer la pie-grièche dans les haies permet de mieux comprendre ces espèces et d’apprécier la richesse de la biodiversité qui nous entoure.